Evolución del tiempo de trabajo en Europa y su impacto social
EVOLUCIÓN DEL TIEMPO DE TRABAJO EN EUROPA Y SU IMPACTO SOCIAL
TEMPS DE TRAVAIL EN EUROPE: TENDANCES, ENJEUX ET RÉGULATIONS
Prof. D. JENA YVES BOULIN
Sociólogo CNRS. Iris. Universidad París Dauphine. París. Francia.
Si l'on s'accorde avec de nombreux auteurs pour évaluer les rôles
respectifs de la loi et de l'accord dans la régulation du temps de travail au
regard des systèmes de relations professionnelles (représentativité et poids des
acteurs patronaux et syndicaux, règles et institutions etc.) (cf. Anxo,2000 ;
Freysssinet, op.cité), nous émettrons ici l'hypothèse qu'ils sont aussi très
étroitement articulés aux enjeux qui structurent les politiques du temps de
travail. Partout, lorsque l'enjeu de l'action sur le temps de travail ressort
d'une logique sociale voire sociétale qui dépasse le simple niveau de
l'entreprise, il devient un objet de l'action publique (défini comme porté par
l'état ou comme étant placé au coeur du débat social et sociétal) et l'on peut
alors observer une implication de l'état dans la régulation du temps de travail.
Une seconde hypothèse consiste à référer ce processus aux représentations
concernant le temps de travail en vigueur dans chacun des pays : son importance
et son mode d'articulation avec les autres temps sociaux, ses liens avec les
questions relatives à l'emploi et au chômage, à l'efficacité productive ou
encore à la qualité de vie, son rôle dans la cohésion sociale. Nous formulerons
ici l'hypothèse que c'est en fonction de ces représentations et de leur plus ou
moins grande inscription sociale/sociétale que seront ainsi privilégiés tel ou
tel mode de régulation.
Dans la première partie de notre intervention, nous montrerons
qu'en dépit de modalités de régulation différenciées, les tendances d'évolution
concernant la durée et l'organisation du temps de travail dans les sociétés
développées ont longtemps été similaires pour se diversifier par la suite.
L'existence de modalités de régulation différentes mais aussi de configurations
nationales de systèmes de relations industrielles différenciées d'un pays à
l'autre, influe sur les rythmes de ces évolutions et, surtout, sur les compromis
sociaux qui se nouent autour de ces questions, compromis qui portent pour une
large part sur l'articulation entre durée du travail et aménagement du temps de
travail mais aussi sur l'emploi et les salaires. Dans un second temps, nous
essaierons de valider notre hypothèse d'une articulation entre modes de
régulation et enjeux des politiques du temps de travail. Nous montrerons, en
particulier, que dans plusieurs pays à forte tradition contractuelle, la loi,
en tant qu'instrument de régulation des questions relatives au temps de travail,
et/ou l'intervention publique dans les processus de négociation, ont fait un
retour remarquable au cours de la décennie quatre-vingt dix du fait de
l'apparition de nouveaux enjeux structurants des politiques du temps de
travail. Ces nouveaux enjeux, analysés dans la troisième partie dans une
perspective historique de moyen terme, résultent, d'une part de transformations
objectives des temporalités, en lien avec des évolutions de la nature et du
contenu du travail, d'autre part d'une mutation des modes de vie et des
représentations des différents temps sociaux et de leurs modalités
d'articulation tant à un niveau individuel qu'à celui de la société dans son
ensemble. Au-delà de l'insistance mise sur tel ou tel enjeu selon les périodes,
l'analyse révèle surtout leur intrication croissante qui conduit à brouiller
les typologies classiques qui permettaient de renvoyer tel mode de régulation
à tel groupe de pays. Notre conclusion majeure au regard des processus de
régulation est que l'on se trouve dans une phase de déplacement du point
d'application de la régulation des différentes temporalités, dont le temps de
travail : celle-ci n'atteint sa pleine validité que lorsqu'elle s'applique à
l'articulation des temps sociaux.
Références:
«Les politiques du temps de travail en Europe» (avec Gilbert
Cette), Futuribles, décembre 1998.
Les nouvelles pistes du temps de travail (sous la direction de
JY Boulin et Reiner Hoffmann), Editions Liaisons, 2000
«Le poids des enjeux sur les modalités de régulation du temps
de travail», in L'action Publique Négociée(sous la direction de Guy Groux),
L'Harmattan, 2001
Structure de l'intervention
- Les transformations du temps de travail en Europe sur
longue/moyenne période
- Situation générale (durée annuelle du temps de travail)
- Temps Partiel
- Horaires atypiques
- Une évolution des modes de régulation du temps de travail
- Les enjeux sous-jacents aux politiques du temps de travail
- Le partage du travail
- La flexibilité productive
- Une approche plus intégrée qui met en exergue
l'amélioration des conditions de vie et de travail
Conclusion: vers une régulation dont le point d'appui est l'articulation entre les temps sociaux